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19/02/2009

Che - 2ème partie : "Guerilla"

Après la Révolution Cubaine, la gloire et la puissance du Che sont au plus haut. En témoigne sa harangue enflammée aux Nations Unies, réitérant son engagement dans le combat du tiers-monde contre l'impérialisme américain. Plus qu'un soldat, le Che est devenu une figure glamour de la scène internationale. Mais, soudain, voilà qu'il disparaît. Pourquoi a t-il quitté Cuba ? Vers quelle destination ? Est-il seulement en vie ?
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Le Che réapparaît en Bolivie, incognito et méconnaissable, oeuvrant clandestinement à la constitution d'un petit groupe de camarades cubains et de recrues boliviennes censé amorcer la grande Révolution Latino-américaine. La campagne bolivienne est une ode à sa tenacité et à son sens du sacrifice. Elle nous permet de comprendre pourquoi le Che reste un symbole universel d'héroïsme et d'idéalisme. Son échec entraînera la mort du Che.





Repères Chronologiques

CUBA
Après la prise de pouvoir, Guevara est nommé "Procureur suprême" de la forteresse de la Cabaña et président de la Cour d'Appel. En cinq mois, il signe les décrets d'exécution de plusieurs dizaines (ou centaines ?) d'anciens responsables du régime. Coresponsable de l'Institut national de la réforme agraire, il dirige la banque nationale de Cuba et se trouve rapidement confronté à l'hostilité du gouvernement américain. Le régime se durcit, les départs en exil se multiplient. Des expéditions révolutionnaires sont tentées sans succès à Panama et en République dominicaine.
En juillet 1960, Cuba nationalise les raffineries américaines et signe des accords commerciaux avec l'Union soviétique. Les restrictions commerciales américaines se transforment en embargo en 1962. (Embargo encore en vigueur à ce jour.) Quelques mois plus tôt, Le Che a créé le premier "camp de travail correctif" pour "rééduquer" les responsables d'entreprises publiques rétifs à la discipline révolutionnaire. Début 1961, devenu ministre de l'Industrie, il s'efforce de transformer l'économie agraire cubaine en’économie socialiste industrielle et de promouvoir un "homme nouveau" en donnant lui-même l'exemple du travail volontaire et de l'austérité.

LE CHE disparait
Décembre 1964 : Chef de la délégation cubaine à l'ONU, Guevara dénonce devant l'assemblée générale la politique étrangère américaine. Tournée internationale de 3 mois (Chine, Égypte, Algérie, Corée du Nord, etc.) Deux semaines après son retour à Cuba, Le Che disparaît soudainement de la vie publique, pour des raisons dont on débat encore aujourd'hui. Hypothèses couramment invoquées : Pressions soviétiques sur le pouvoir castriste au vu des orientations prochinoises du Che ; échec patent de sa politique d'industrialisation ; ressentiment de Castro à l'égard d'un "N°2" trop populaire lui faisant de l'ombre.
3 octobre 1965 : Pour répondre aux légitimes interrogations de la population, Fidel Castro dévoile une lettre (non datée) du Che, annonçant qu'il démissionne de tous ses postes et entend mener la lutte révolutionnaire à l'étranger.

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Première tentative : le Congo.
Estimant que l'Afrique constitue un maillon faible et un terrain propice à la révolution, Le Che va tenter de susciter au Congo une insurrection "à la cubaine" en s'appuyant sur le mouvement marxiste Simba. Il décide d'apporter, avec une poignée d'hommes, son savoir-faire aux forces rebelles. Mais celles-ci se révèlent incompétentes, inorganisées et incapables de se rallier la population locale, qu'elles exploitent et terrorisent. Après 7 mois de vains efforts, Le Che est obligé de reconnaître son fiasco. Il passe alors 6 mois dans la clandestinité, notamment à Dars es Salam et Prague.
Lorsque Castro lui demande de revenir à Cuba, Le Che exige le secret sur sa présence, et maintient son intention d'organiser une révolution en Amérique du Sud. Après avoir hésité sur la "cible" et avoir très vite renoncé à son Argentine natale, il choisit :

LA BOLIVIE
Objectif : renverser la dictature du général René Barrientos.
Novembre 1966 : Guevara rejoint le camp d'entraînement aménagé par le PC bolivien dans la région isolée et montagneuse de Nancahuazu. "L'armée nationale de Libération", composée de… 47 guérilleros (dont 16 Cubains proches du Che) n'obtiendra pas l'aide escomptée de la paysannerie locale ni celle, promise, du Parti, tourné vers Moscou, et auquel Le Che refuse obstinément le contrôle de la guérilla.
Mars 1967 : Le campement est découvert. La petite troupe l'abandonne pour éviter d'être submergée par l'armée bolivienne. Des membres de la section de soutien urbain, dont Régis Debray, l'Argentin Ciros Bustos et "Tania" (seule femme du mouvement) se joignent aux rebelles.
23 mars : Premières escarmouches victorieuses contre l'armée, désavantagée par le terrain accidenté.

17 avril : Le Che divise en deux ses maigres forces. Il exfiltre Debray et Bustos de la zone pour raisons de santé et afin qu'ils puissent transmettre des messages à Cuba. (Les deux transmetteurs se sont en effet révélés défectueux – ce qui fera suspecter un sabotage.) La deuxième colonne, dirigée par Juan Vitalo Acuña (dit Vilo), manque le premier rendez-vous et n'arrivera jamais à rejoindre Le Che.
Parallèlement à ses faits de guerre, Le Che reste un observateur et théoricien de la lutte révolutionnaire, jugeant parfois durement ses échecs. Dans un de ses derniers textes : "Message aux peuples du monde", il prône (contrairement aux Soviétiques et PC alignés sur Moscou) une guerre MONDIALE contre les États-Unis, résumée dans un slogan fameux : "Créer deux, trois… Vietnam".

20 avril : Debray et Bustos sont capturés et torturés. Les interrogatoires (dont les circonstances font débat) permettront-ils de localiser la guérilla ? Toujours est-il que la CIA et les Forces spéciales se rendent en Bolivie pour entraîner et soutenir l'armée régulière. Les combats s'intensifient durant l'été.

31 août : la colonne Vilo tombe dans une embuscade et est décimée.

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15 septembre : arrestation du dernier contact urbain de la guérilla. Cuba ne fait rien pour secourir Guevara et ses hommes. Épuisé, taraudé par de violentes crises d'asthme, Le Che reste cependant un meneur inflexible. Mais l'accès au Rio Grande étant barré, le groupe est obligé de remonter dans les montagnes vers le village de La Higuera, où l'avant-garde est prise en embuscade le 26 septembre et perd 3 hommes.
Les 17 survivants repartent vers le Rio Grande. Les Forces spéciales les localisent, et plus de1800 soldats font route vers La Higuera. Le 8 octobre, le campement est encerclé. Après trois heures de combat, durant lesquelles il est blessé aux jambes, Le Che est capturé. Trois de ses hommes sont morts, un autre est grièvement blessé, et les autres seront capturés ou tués les jours suivants. Seuls cinq atteindront la frontière chilienne et seront évacués sous la protection du sénateur socialiste Salvador Allende.
Guevara et son dernier compagnon sont emmenés dans une école abandonnée de La Higuera.

Le 9 octobre, le gouvernement bolivien annonce la mort de Guevara. Le colonel Zentono Anaya et l'agent de la CIA Félix Rodriguez arrivent ce matin-là à La Higuera. À 13 heures, le président Barrientos ordonne d'exécuter les guérilleros.
Le rôle de la CIA n'a pas été clairement établi, de même que les circonstances exactes de sa mort. Ses dernières paroles, rapportées par son exécuteur, Mario Teran, furent "Vise bien. Tu vas tuer un homme."
Le corps est emmené par hélicoptère par l'armée et des officiers US et agents de la CIA, pour être exposé à Vallegrande pour le bénéfice des médias étrangers. Ces photos du Che les yeux grands ouverts feront le tour du monde.

Entre-temps, un médecin militaire a amputé Guevara des mains pour authentifier le corps. La dépouille sera enterrée dans un lieu tenu secret, et ne sera retrouvée qu'en 1997. Les restes du Che seront renvoyés à Cuba et inhumés dans un mausolée de Santa Clara après des funérailles nationales.

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